mercredi 15 avril 2009

* A lire dans Sud Ouest ...

Le printemps amorce sa pénible reconquête du pays coursayre encore engourdi, pendant que l'Adour creuse inexorablement son sillon à travers la contrée. Au hasard d'un méandre, elle nous dépose à Toulouzette sur les terres de Maynus où Christian Brettes entretient une ganaderia de seconde. « Je trouve ce terme de seconde un peu péjoratif, avertit le maître des lieux. Je préfère le terme d'avenir car tous les ans, nous faisons débuter de nouveaux toreros qui ne passent pas par l'école taurine, à cause de leur activité professionnelle. » C'est en effet lors des courses mixtes, loin de l'épicentre coursayre traditionnel, dans des places de fortune, sur des pistes cernées par des grilles montées à la hâte, que de futurs écarteurs dessinent leurs premières figures. La seconde cultive une forme de romantisme taurin ; de vieux relents de spectacles à l'ancienne. Une vie à la dure pour des acteurs au boléro râpé scrutant dans les yeux de la bête les attendus de leur avenir. Bétail de respect Cet apprentissage aux antipodes de l'école taurine sécrète son contingent de toreros au grand coeur. Vincent Muiras, Ludovic Lahitte, Louis Ansolahabère sont les derniers produits de la seconde à venir gonfler les effectifs de la formelle. Des gosses au cuir épais, tout disposés à monter à l'assaut des marraines. « Nous avons nous aussi du bétail de respect, rappelle Christian Brettes ; les vaches ont du métier comme en formelle. » À la tête de 120 coursières, le ganadero de Maynus défend son territoire avec force conviction, ne ne mâchant pas ses mots quand cela paraît nécessaire. « J'ai toujours dit que les jeunes qui sortent de l'école taurine ou la plupart d'entre eux ne devraient pas intégrer directement la formelle. Le manque de patience conduit à des carrières gâchées. » Le poids des réticences Ces ganaderos de l'ombre travaillent sans relâche, ne récoltant que de maigres fruits de leur investissement. « Ce n'est pas pour rien si tous les ans, la formelle nous prend les meilleurs acteurs ; nous ne pouvons pas les empêcher de partir. » Christian Brettes considère donc que la seconde est en quelque sorte « un éternel recommencement », parfois mal compris par nombre de comités qui s'entêtent à organiser des courses de formelle. « Nos spectacles peuvent paraître dégradants ; les comités hésitent à venir vers nous car ils ont peur de la désaffection du public. Ils ignorent parfois qu'on peut mettre en place des formules comme de petits concours », explique le ganadero de l'Adour, lequel organise dimanche la 3e édition de la Coupe du Cap de Gascogne, réunissant quatre ganaderias de seconde (Dussau, Grand Soussotte, Béarn-Armagnac, Maynus), en quête de reconnaissance. Concours de seconde, dimanche 19 avril, à partir de 10 h 30, arènes de Morlanne de Saint-Sever. Auteur : Bertrand Lucq

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